Ni hao - une aventure dans l'Empire du Milieu
Ces travaux ont consisté à mettre en place un système d’alerte précoce, à élaborer un concept de gestion des risques pour les plaines inondables, à fournir une aide locale dans l’application de ce concept et à collecter et analyser des données afin de surveiller le lac glaciaire Kyagar dans le contexte du changement climatique.
Récit de Christoph Haemmig, chef d’équipe chez GEOTEST.
Il est minuit, et nous sommes bloqués en Chine occidentale à près de 5000 mètres d’altitude, sur une route – mais peut-on vraiment parler de route ? – du Tibet Highway. Dans nos bagages, un système d’alerte précoce développé par GEOTEST SA, qui doit être installé dans le massif du Karakorum et prévenir la population en cas de vidange du Kyagar. Mais poste militaire après poste militaire, nous sommes arrêtés et nos bagages fouillés à la recherche d’objets indésirables, et ce, en dépit des autorisations spéciales qui nous avaient été octroyées et des talents de négociateur de notre chef d’expédition chinois…
Finalement, vers quatorze heures et après trois journées de voyage à travers un terrain sujet aux chutes de pierre, nous arrivons à destination. C’est à Cha Hekou, à plus de 3000 m.s.m., un site ayant fait l’objet d’une reconnaissance par les experts de GEOTEST dans le cadre d’une mission de terrain précédente, que nous procéderons à l’installation. Les rivières Yarkand et Keleqin découpent d’immenses cônes alluviaux qui s’étendent de l’impressionnant décor montagneux jusque vers la large plaine de la vallée pour former des talus verticaux de plusieurs mètres de haut.
Notre campement pour les cinq prochains jours est établi à l’embouchure de ces rivières, un endroit qui a connu maintes ondes de crue dévastatrices par le passé. Revigorés par un petit-déjeuner copieux, nous installons le premier système d’alerte précoce de vidanges de lacs glaciaires, qui fonctionne par communication satellite. Dès que les deux capteurs radar mis en place enregistrent une onde de crue, les autorités chinoises en sont averties par un message transmis sur le réseau mobile. Le système de surveillance est en outre équipé d’une station météorologique et de deux caméras, qui envoient quotidiennement des données et des images directement dans le bureau des décideurs. Une fois l’installation du système de surveillance effectuée, place à la fête ! Avec de l’eau-de-vie chinoise et de la viande de mouton fraîche.
Mais la nouvelle d’un glissement de terrain sur l’unique voie d’accès à notre site, tombée pendant la mise en place du système, pèse sur l’ambiance. La route est devenue impraticable et la remise en état durera plusieurs mois. Malgré les paysages grandioses, la pensée peu réjouissante d’être coupé du monde extérieur rend passablement nerveux. Un convoi se met immédiatement en route depuis Kashi pour nous recueillir près du talus qui obstrue la route. Nous sommes toutefois contraints d’abandonner deux tout-terrains et un camion de matériel. Le voyage retour suit en partie la légendaire route de la soie, qui traverse le désert du Taklamakan. Finalement, après trois jours de route, nous atteignons la ville oasis de Kashi, où diverses réunions et pas mal d’alcool de riz viennent clore notre expédition.
Aujourd’hui, GEOTEST mène un nouveau projet dans l’Himalaya. Conjointement avec les universités de Zurich et de Genève, nous conseillons les autorités indiennes en matière de gestion des dangers et des risques.
Un service d’alerte précoce est mis en place dans l’État montagneux du Sikkim pour avertir les villages de montagne situés le long de la rivière lorsque survient une onde de crue. Les inondations peuvent être le fait de vidanges de lacs glaciaires. Dans le cadre de ce projet, financé par la DDC, des conseils sur les dangers naturels sont également fournis aux autorités de l’État d’Uttarakhand.